Projetons nous il y a plus de 7 millions d’année, au fin fond de la savane, en Afrique.
Nos ancêtres de l’homme vivent en tribu.
Les notions de couple, de famille et de fidélité n’existent pas …
La règle, c’est la polygamie.
Pour en savoir plus, les chercheurs s’appuient sur l’étude de nos plus proches cousins : les chimpanzés. Il est probable que nos ancêtres vivaient comme eux.
Pour Pascal Picq, paléontologue :
« A l’origine, chez les chimpanzés, comme les hommes, il n’y avait pas de relations stables entre un mâle et une femelle ».
L’ensemble des mâles assurait la sécurité du groupe.
Et à l’époque, les mâles n’avaient sans doute pas qu’ils pouvaient donner la vie en copulant. Même chose pour les femelles.
C’est le règne de l’instinct.
Mais c’est aussi par instinct que les premières affinités se forment.
Les femelles sont beaucoup plus réceptives envers des mâles attentionnés. Autrement dit, les femelles ne vont pas copuler avec des mâles qui sont brutaux …
Ce système polygame reste la règle pendant des millions d’années.
Mais un jour, les choses vont changer.
Pour élever un enfant (perpétuer l’espèce), l’homme organise sa vie autour des enfants. Les rôles sont complémentaires : les hommes partent chasser et les femmes s’occupent de la cueillette et d’élever les enfants.
On va voir émerger un début de monogamie.
La grande révolution du couple est en marche.
Vers 1000 avant JC, les premiers villages apparaissent.
L’homme devient agriculteur, il élevé des animaux et veut transmettre la terre à ses enfants.
Mais encore faut-il qu’il soit sûr qu’il s’agit bien de ses enfants.
Alors, la société s’organise autour de systèmes sociaux spécifiques.
1000 ans avant JC, dans le monde Gréco-Romain …
Le mariage était alors obligatoire. Et ce sont les parents qui décidaient d’organiser ces mariages. Logiquement, le mariage devait permettre de conclure une bonne affaire pour les familles concernées.
Les célibataires étaient pour leur part poursuivis par la loi, car ils étaient considérés comme des personnes n’ayant pas accompli leur devoir envers la société.
Dans ce cadre, la femme devait rester fidèle, sinon, c’était la répudiation.
En revanche, la société était beaucoup plus tolérante envers les hommes.
Une expression utilisée par les philosophes de l’époque résume assez bien la situation.
« Les courtisans, nous les avons pour le plaisir, les concubines pour les soins de tous les jours. Et les épouses pour avoir une descendance légitime et une gardienne fidèle du foyer ».
Les courtisanes et les concubines ont de fait un statu inférieur aux épouses, puisqu’elles ne se marieront jamais.
Quant au maître, sa liberté est sans limites. S’il n’est pas satisfait, il peut faire aux esclaves ou aux prostituées.
La sexualité est vécue sans péché. Et toutes les formes de sexualité étaient pratiquées : avec des hommes, des femmes, en solitaire, en groupe …
De nombreuses céramiques de l’époque illustrent d’ailleurs des scènes sexuelles.
- Liberté sexuelle totale pour les hommes.
- Désir encadré pour les femmes.
Les grecs viennent de fixer la norme conjugale pour des siècles.
Moyen-âge, féodalité …
L’église chrétienne prend le pouvoir et impose sa loi sur le couple.
Pour la première fois de l’histoire, l’homme va devoir se marier pour la vie.
Contrairement aux époques précédentes (qui autorisaient le divorce ou la séparation), il est désormais impossible de rompre.
En outre, l’église impose la fidélité aux époux.
C’est une première là aussi !
Jusque-là seule la femme était tenue au devoir de fidélité.
Désormais, ce devoir concerne aussi les hommes.
Différentes formes de punitions sont prévues pour sanctionner les infidèles. Il faut imaginer la peur liée à ce contexte religieux.
Le discours de l’église proscrit toute forme de sexualité qui n’est pas destinée à la procréation.
La masturbation était interdite, les couples n’avaient pas le droit d’avoir des rapports charnels le dimanche, « jour du seigneur » …
Le plaisir devient un péché, pour des siècles et des siècles …
Et puis l’église fait finalement un petit pas de côté.
Elle tente de concilier l’amour et le mariage avec la bénédiction nuptiale.
- Le mariage n’est pas le résultat de l’amour.
- Il est la condition nécessaire pour trouver l’amour …
Un cadre parfait pour les familles aristocratiques de l’époque qui avaient l’habitude d’organiser des mariages arrangés …
Vue de façon parodique, la vie de couple chez les riches de la fin du moyen âge se résumait grosso modo à ça : ennui, mariage arrangé et ceinture de chasteté …
Un peu plus tard, la pièce de Molière « L’école de femmes » fait scandale.
- Dans cette pièce, tous les personnages veulent faire des mariages d’amour.
- Mais socialement ils ne le font pas …
Quelques siècles plus tard en Europe, c’est l’Etat qui prend le dessus.
Il propose une vision laïque des contraintes et des pesanteurs que l’église avait longtemps imposé.
En France, c’est le code Napoléon qui régit le mariage
Le couple, c’est une famille, avec un chef de famille. C’est lui (l’homme) qui a tous les pouvoirs.
Et c’est naturellement le plaisir masculin qui va régner …
- Les femmes devaient « idéalement » être vierges avant le mariage.
- Par contre, les hommes pouvaient avoir des relations sexuelles avant de se marier (le fait d’aller voir des prostituées pour éveiller sa sexualité était courant à l’époque).
Pour le reste, les valeurs chrétiennes sont réaffirmées, mais avec une différence de taille : désormais, on se marie devant le maire avant de passer à l’église.
Après le mariage, on ne parle ni de sexe ni d’amour. Et la recherche de nouveaux plaisirs reste toujours un sujet tabou. Pour la femme mariée, le plaisir est un continent ignoré …
Il faut aussi rappeler que le divorce était quasiment impossible.
Mais si certaines femmes s’aventurent sur les chemins de l’infidélité conjugale, le phénomène reste marginal.
Début du 20ème siècle …
De l’interdit naît le fantasme, du fantasme, la transgression …
Le droit au plaisir commence à s’affirmer.
Les jeunes travaillent dans les villes, s’éloignent de leurs parents, prennent en main leur destin. ils bravent l’ordre établi, critiquent la loi, la tradition et les mariages arrangés.
Les temps sont mûrs pour changer d’époque …
Les hommes et les femmes choisissent leur partenaire !
Cette situation préfigure la fin des mariages arrangés en France et en Europe) et la situation des couples telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Dans les années 1940, après la seconde guerre mondiale, l’urgence est de faire des enfants.
Nous sommes à l’apogée de la politique familiale.
Des lois strictes réglementent la vie privée : promotion de la maternité, interdiction d’avorter, valeurs familiales mises en avant …
Une fois encore, l’enfant est la raison d’être du couple.
Et une fois encore, les rôles hommes / femmes ne sont pas les mêmes.
- Les hommes sont amenés à travailler pour gagner de l’argent pour la famille.
- Les femmes sont pour leur part amenées à s’occuper des tâches ménagères et de l’éducation du ou des enfants.
Certains affirment avoir trouvé leur bonheur dans ce monde-là. Mais à quel prix ?
Rappelons par exemple les sanctions prévues par les institutions en 1959 en cas d’adultère.
Comme on peut le constater, nous sommes encore loin d’une égalité parfaite entre les hommes et les femmes.
Fin des années 60, en occident c’est la révolution.
On conteste l’ordre sous toutes ses formes.
En quelques années, le modèle patriarcal vieux de plusieurs millénaires va voler en éclats.
C’est un moment clé !
Un moment où l’on passe de la notion de famille à celle de couple.
L’idéal conjugal devient celui de deux individus qui veulent être heureux, s’épanouir ensemble, et d’abord sexuellement.
La liberté sociale et sexuelle des manifestations de mai 68 entérine ce mouvement.
Autre remarque, la banalisation des moyens de contraception permet la libération des corps et du plaisir.
La famille n’est plus le passage obligé. Le couple peut exister, avec ou sans enfants.
Dans le même temps, le mari perd l’autorité historique qu’il avait sur la femme.
Les femmes s’émancipent et accèdent au marché du travail. Elles deviennent peu à peu l’égal des hommes.
Autre moment important : le divorce est de plus en plus courant et toléré.
On mesure aujourd’hui encore toutes les conséquences de cette évidence.
Cette révolution n’est pas finie.
En attendant une chose est sûre : cette révolution pose autant de questions qu’elle ne donne de réponses.
Quand plus rien n’est imposé, chacun se trouve renvoyer à lui-même.
A nous donc d’inventer de nouveaux modèles !