Si l’on considère l’hypothèse selon laquelle l’infidélité conjugale n’est plus réductible aujourd’hui à la volonté de satisfaire un désir sexuel irrépressible qui, par ailleurs, serait frustré, on peut s’interroger sur le sens et les fonctions qu’elle représente désormais – surtout dans un contexte moral et social qui a énormément évolué depuis quelques années.
Cette thèse esquisse dans un premier temps une approche socio-historique du phénomène, destinée à dégager des pistes de réflexion pour mieux analyser les conséquences des récentes transformations conjugales.
Notre hypothèse de base ?
L’infidélité est un fait social qui traverse le temps et les cultures.
Dans un second temps, notre réflexion se portera sur l’analyse d’une centaine d’entretiens réalisés auprès d’hommes et de femmes qui vivent en couple et ont des relations sexuelles extraconjugales, sans le « consentement » de leur conjoint(e).
L’analyse de ces témoignages révèle une grande variété d’expériences et de déterminants possibles à l’infidélité.
Deux logiques principales se distinguent néanmoins :
- L’infidélité relationnelle. Exemple : tromper son ou sa partenaire alors que l’on ne le souhaite pas.
- Et l’infidélité personnelle. Exemple : rester en couple alors que l’on n’en a plus envie.
Au-delà de ces deux aspects, les relations extraconjugales peuvent aussi être appréhendées dans une optique identitaire.
Dans cette perspective, il semble en fait possible de distinguer trois types d’infidélité :
- L’infidélité-test, faisant suite à un problème au niveau de l’identité intime de l’individu, ne se sentant plus révèle dans son couple et testant un nouveau partenaire pour ensuite choisir celui qui lui apporte le plus ;
- L’infidélité-narcissisme, ou l’individu recherche un nouveau partenaire sans remettre en cause son couple ;
- Et enfin, l’infidélité complément, ou l’individu cherche à satisfaire son identité intime avec un nouveau partenaire tout en restant avec son conjoint pour valider son identité statutaire, ce qui le conduit vers une relation duelle.
L’infidélité n’est pas un fait récent mais au contraire un fait sociologique qui traverse le temps et les cultures.
Prenez la littérature française par exemple.
De nombreux auteurs parlent de l’infidélité féminine dans leurs romans. Citons notamment Gustave Flaubert (Madame Bovary), George Sand (Indiana), Honoré de Balzac (Le lys dans la Vallée), Stendhal (Le Rouge et le Noir) …